Il serait judicieux d’adopter le principe des «3 R», à savoir réduction, recyclage et réutilisation. Une telle technique de gestion est de nature à gagner en termes de protection du milieu et de création d’emplois verts. Et partant, les déchets ne pourraient guère produire des crises. Au contraire, un créneau porteur de richesse.
On garde encore en mémoire la crise écologique qu’avait connue, en 2012, l’île de Djerba, où les mouvements de protestation firent, alors, boule de neige, suite à la fermeture arbitraire de sa décharge contrôlée. Le même scénario s’est reproduit, ces derniers mois, à Sfax. Un tel statu quo avait mis les autorités publiques à rude épreuve. Le gouvernement Bouden, qui venait à peine d’être formé, s’est trouvé, alors, face à ses responsabilités.
Et maintenant que la crise semble désamorcée et que la ville a retrouvé son calme, la valorisation des déchets devrait faire l’objet d’un grand débat. L’Anged, l’agence qui, entre autres, se charge de leur gestion, est appelée, plus que jamais, à aborder cette question. Le ministère de l’Environnement aurait dû, de son côté, faire bouger les lignes et entrer dans le cadre d’une vraie politique de développement durable. L’on doit, concrètement, passer au vert, soit à des procédés d’exploitation à bon escient de nos déchets et assimilés. Ceux-ci ne seraient plus ce qu’ils sont aujourd’hui, à savoir une source de nuisance et de pollution. Dés lors, leur valorisation pourrait en faire une mine de richesse à fort potentiel économique. En réalité, il s’agit de tout un système de gestion intégrée de nos déchets, en procédant à leur traitement pour créer ainsi une plus-value écologique.
L’utilité de l’inutile !
Au temps de l’ancien ministre de l’Environnement Nejib Derouiche, un programme, qualifié à l’époque d’ambitieux, fut établi, dans la durée 2016-2020. Mais, cela n’a pas marché. Au fur et à mesure, le programme a sombré dans l’oubli. Entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Faut-il attendre une nouvelle crise sociale pour agir sur des solutions environnementales ? Ce qui s’est passé à Djerba, puis à Sfax, est suffisant pour pousser à une mûre réflexion. Partout dans le monde, la valorisation des déchets est, pour partie, une bonne solution. Mais aussi une tendance économique sciemment réussie. Car, tout le monde connaît l’utilité de l’utile, mais personne ne connaît l’utilité de l’inutile ! Cette phrase du penseur Zhuangzu s’avère aujourd’hui très intéressante, dans la mesure où elle nous renvoie au fait de tout reconsidérer de par sa valeur ajoutée. A l’heure où l’on parle de développement durable, de surconsommation à l’aune des déchets et des injustices qu’elle produit, la valorisation est perçue comme une clé de voûte.
Au-delà de la propreté, une culture de l’écocitoyenneté. L’Etat doit s’engager, sans tarder, dans des projets environnementaux à haute valeur ajoutée. De la collecte à la valorisation de nos déchets, en passant par le transport, le transfert, puis le traitement, il y aura autant d’emplois à générer. De l’emploi vert, dit-on. Or, cela requiert de l’expertise et un savoir-faire certifié. Mais aussi beaucoup d’argent à investir. Et pour cause ! L’on doit miser sur l’apport du partenariat public-privé dont la loi déjà en vigueur est restée, depuis sa promulgation, figée. Il était question de se tourner vers l’économie verte, avec l’implication des privés dans le financement des projets. A cela s’ajoutait une stratégie de promotion, mais cette politique n’a pas tenu la route. Car certains projets, faute de moyens, ont fini par s’arrêter.
En fait, la valorisation des déchets est d’ordre organique et énergétique. Il y a là un double profit économique : production d’énergie (électricité, biogaz..) et réduction des rejets à moins de 5%, comme le prétendaient certains écologistes. Pour ce faire, il serait judicieux d’adopter le principe des « 3 R », à savoir réduction, recyclage et réutilisation. Une chose est sûre, une telle technique de gestion est de nature à gagner en termes de protection du milieu et de création d’emplois verts. Et partant, nos déchets ne pourraient guère produire des crises. Au contraire, un créneau porteur de richesse.